On peut se demander de quand datent les plus anciennes collections de monnaies, et en particulier si les Grecs, dès l'antiquité, ont déjà commencé à constituer des collections de monnaies. La réponse n'est pas franchement affirmative. Cependant, nous savons que de très bonne heure, les offrandes et les ex-voto déposés dans les sanctuaires des dieux constituaient de véritables amoncellements d'oeuvres d'art parmi lesquelles les anciennes monnaies occupaient souvent la place prépondérante : ces pieuses collections étaient les musées de l'antiquité, de même que les trésors de nos églises étaient les musées du Moyen Age.

Exemple de monnaie grecque antique de Rhodes, très recherchée dans l'antiquité

Exemple de monnaie Rhodes, très recherchée dès l'Antiquité

Les Grecs ont-ils collectionné les monnaies dès l'Antiquité ? Au XIXème siècle, Théodore Mommsen pense avoir trouvé la preuve dans un inscription que les monnaies de Rhodes qui présentent la tête radiée d'Hélios étaient recherchées comme objets de collection (Photo J. Elsen et ses fils – Enchère 91 – Monnaie vendue pour 1100 Euros).

Il suffira de rappeler les richesses accumulées par les pèlerins dans les trésors de l'Héraion de Samos, de l'Artémision d'Ephèse, dans les sanctuaires non moins célèbres d'Athènes, de Délos, de Delphes, d'Olympie, de Rome. Mais ces richesses avaient, avant tout, le double caractère d'offrandes religieuses et de réserve pécuniaire.

La curiosité que certains de ces objets excitaient par leur vétusté, leur singularité ou leur origine, comme on le voit dans plusieurs passages de Pausanias, n'allait guère jusqu'à les interroger à titre de preuves historiques. Il n'en est point tout à fait de même des objets exotiques ou anciens que des princes ou des particuliers, dès l'époque grecque, rassemblaient pour leur jouissance personnelle, à la façon des amateurs de nos. Les auteurs anciens citent les collections des Ptolémées, des Séleucides, des Attalides, de Mithridate. Celui-ci fut même un passionné : il avait plusieurs gazophylacies où étaient rangés ses trésors artistiques.

L'un de ces cabinets, comme nous dirions aujourd'hui, était à Sinoria, un autre à Taulara. Les historiens se sont fait l'écho de l'étonnement des Romains lorsque ceux-ci virent défiler processionnellement toutes ces richesses, à l'occasion des triomphes de Lucullus et de Pompée. Sans doute, aucun témoigagne ne nous permet d'affirmer qu'il y eut parmi ces curiosités une suite de médailles anciennes, mais nous savons, par exemple, que la beauté des vieilles pièces de Rhodes les faisait particulièrement rechercher; la tête radiée de Hélios de face paraissait une merveille et les amateurs payaient volontiers un agio pour en posséder quelque exemplaire.

C'est ainsi, du moins, que Théodore Mommsen a interprété une inscription de Ténos en l'honneur du Syracusain Timon, fils de Nymphodoros, vers le commencement du siècle qui précède notre ère. Pour avoir 100 drachmes de Rhodes, on en paye 105 de Ténos, bien que celles-ci pèsent au moins le même poids (CI Gr., n°2334; cf. Mommsen, « Monnaies Romaines », t. I, p. 51).

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