Présentation des monnaies grecques antiques de la période archaïque
Monnaie archaïque en électrum de Lydie (6ème siècle avant JC. Il s'agit d'une des plus anciennes monnaies grecques antique.
Les monnaies ont été inventées dans le royaume de Lydie, qui correspond à l'actuelle Turquie occidentale, vers 650-600 avant JC (la monnaie a été également inventée de façon indépendante en Chine et en Inde vers 600 avant JC). Une importante source du métal utilisé pour frapper les monnaies était la rivière Pactole aux environs de la ville de Sardes ou des dépots aurifères alluvionnaires étaient mélangé à hauteur de 40% avec de l'argent et du cuivre; le métal obtenu est qualifié d'électrum (mélange d'or et d'argent). La plus ancienne monnaie a été frappée en electrum et comportait environ 55 % d'or contre 45 % d'argent; ces monnaies renferment environ 1 à 2 % de cuivre. Les plus anciennes pièces ne sont que des pastilles de métal non gravées, ou qui présentent seulement des stries sur une de leurs faces et un poinçon sur l'autre face. Le monnayage d'électrum s'est répandu dans les cités indépendantes de l'Ionie, sur la côte Egéenne en très peu de temps.
Le premier monnayage bimetallique d'or et d'argent pur a été introduit pendant le règne du roi Crésus à Sardes (561-547 avant JC), en utilisant l'image d'une tête de lion ou d'une tête de taureau sur une face, tandis que le revers de la pièce ne présentait qu'un poinçon. A partir de cette époque, la monnaie s'est répandue à la Grèce et aux nombreuses colonies grecques de la Mer Noire et de la Sicile (Grande Grèce).
Pendant la période archaïque, les types de monnaies sont assez primitifs en comparaisons aux monnaies grecques antiques des périodes postérieures. Les monnaies étaient de petits disque de métal (or, argent ou bronze), sur lesquels on imprimait des dessins géométriques ou des symboles pour indiquer leur cité d'origine. Les techniques du monnayage ont rapidement progressé et les monnaies sont devenues plus régulières et les représentations qu'elles portent sont devenues de plus en plus fines et sophistiquées. Chaque cité grecque émettrice de monnaie a choisi un symbole qui lui était propre pour clairement distinguer son monnayage. Par exemple, l'abeille a été représentée sur les monnaies d'Ephèse, les tortues sur celles d'Egine et la chouette sur celles d'Athènes.
Le monde grec était alors divisé entre une centaine de cités autonomes (les « Polis » en Grec), et la plupart d'entre elles ont émis des monnaies. Certains monnaies ont circulé de façon intensive entre les différentes villes, indiquant que la monnaie est rapidement devenu un moyen des échanges privilégiés entre les différentes cités grecques. La drachme d'argent d'Egine est le premier exemple de monnaie qui s'est imposée comme un étalon monétaire dominant dans les échanges commerciaux. Comme les monnaies de certaines cités circulaient de façon beaucoup plus intensives que celles d'autres cités dont les monnaies rencontraient un succès moindre, ce sont les pièces les plus utilisées qui ont été utilisées comme standard de poids (le poids standard de la drachme éginétique était de 6,1 grammes), bien que chaque cité conserve ses propres symboles. Toutes proportions gardées, on peut faire un parallèle avec l'Euro, émis avec leur propres symboles par chaque pays mais qui sont utilisables dans l'ensemble de la zone Euro.
Cependant le monnayage grec n'a jamais été totalement unifié : différents standards de poids ont coexisté dans le monnayage grec antique. Ces différents standards indique les diverses alliances commerciales qui ont été nouées entre les cités grecques. Vers 510 avant JC, Athènes a commencé à produite un tétradrachme d'argent ( tétradrachme = 4 drachmes). Comme Athènes et Egines étaient en compétition, ce tétradrachme fut émis selon un standard de poids différent que l'on nomme la « drachme attique » dont le poids est de 4,3 grammes. Peu à peu, le standard athénien s'est imposé, grâce au minerai d'argent extrait des mines du Laurion et à sa domination commerciale. Les tétradrachmes émis selon le standard athénien ont été les monnaies les plus utilisées pendant la période classique, notamment par Alexandre et par les monarques Hellénistiques.
Le mot drachme signifie « une poignée ». Les drachmes peuvent être divisées en 6 oboles.
Les monnaies grecques antiques de la période classique
La période classique a vu le monnayage grec atteindre un niveau technique et artistique d'exceptionnelle qualité. Les plus grosses cités ont alors produit de nombreuses monnaies d'or et d'argent, qui présentent pour la plupart le portait du Dieu ou de la Déesse tutélaire de la cité, ou un héro légendaire sur une face un symbole de la cité sur l'autre face. Les monnaies de Rhodes représentent une rose, car le mot grec qui désigne une rose est « rhodon ». L'utilisation des inscriptions sur les monnaies commença également. Les monnaies présentent généralement le nom de la cité. Les cités florissantes de Sicile ont produit des monnaies de qualité exceptionnelle. Les larges décadrachmes ( = 10 drachmes) d'argent de la cité de Syracuse sont considérés par de nombreux numismates et collectionneurs comme les monnaies les plus belles qui ont été produites dans l'antiquité, et peut-être même les plus belles monnaies de tous les temps.
L'utilisation des monnaies en tant qu'instrument de propagande est une invention grecque. Les monnaies ont de la valeur, elles sont durables et passent de mains en mains. A une époque où les journaux n'existaient pas, ni les autres média, les monnaies étaient donc un moyen idéal pour faire connaître un message politique. Le premier exemple d'utilisation d'une monnaie comme outil d'information et de propagande est une décadrachme émise par Athènes pour commémorer sa victoire sur les Perses. Sur ces monnaies la chouette d'Athènes est représentée avec les ailes déployées et tenant une branche de laurier. Le message était qu'Athènes était puissante et victorieuse, mais qu'elle souhaitait la paix.
Les monnaies grecques antiques de la période Hellénistique
La période Hellénistique est caractérisée par la dispertion de la culture grecque dans une large partie du monde connu. Des royaumes de culture grecque s'établissent en Egypte et en Syrie, ainsi qu'en Iran pour une courte période, ainsi que dans l'Afghanistan et dans le nord ouest de l'Inde. Les commerçants grecs répandent les monnaies grecques sur d'immenses zones, tandis que les nouveaux royaumes commençaient à fabriquer leurs propres monnaies. En raison de la superficie et de la croissance de ces royaumes, qui étaient supérieures à celles des cités grecques de la période classique, leurs monnaies ont eu tendance à voir leur production devenir massive et de plus en plus étendue, et les monnaies d'or furent émises plus fréquemment et en plus grand nombre. Cependant, il leur manque souvent la délicatesse artistique qui caractérise les monnaies de la période précédente.
Cependant, une partie des monnais Gréco-Bactriennes, ainsi que celles de leurs successeurs en Inde (les monnaies Indo-grecques) sont considérées commes les exemples les plus raffinés de l'art monétaire grec, avec un bon équilibre entre le réalisme et l'idéalisation. De plus ces monnaies incluent les plus grosses pièces émises dans le monde hellénistique : la plus grosse monnaie d'or fut frappée par Eucratides (qui a régné de 171 à 145 av. JC); la plus grosse monnaie d'argent fut émise par le roi indo-grec Amyntas (95-90 av. JC). Les portraits représentés sur ces monnaies montrent un degré d'individualisation jamais atteint.
Statère en or d'Eucratides I, la plus grosse monnaie d'or qui ait été frappée pendant l'Antiquité
La grande nouveauté dans le monnayage Hellénistique fut l'utilisation du portrait de personnes vivantes, c'est-à-dire les rois eux-mêmes. Cette pratique a commencé en Sicile, mais fut désapprouvée par les autres Grecs car il s'agissait d'une marque d'orgueil. Les rois de l'Egypte Ptolemaique et de la Syrie Séleucide, n'ont eu aucun scrupule, cependant, et ils ont fait fraper de magnifiques monnaies d'or qui représentent leur propre portrai, avec les symboles de leur Etat sur le revers des monnaies. De plus, les noms des rois sont fréquemment inscrits sur les monnaies. Ils ont ainsi crée un type de monnaie qui a persisté à travers les âges : un portrait du roi, habituellement représenté de profil dans une pose héroïque à l'avers, avec son nom gravé au dessous, et des symboles variés de son pouvoir et de son Etat au revers.
Techniques de fabrication des monnaies grecques antiques
Toutes les monnaies grecques antiques étaient fabriquées à la main, et ne présentent pas, naturellement, le haut degré de standardisation que l'on voit dans les monnaies contemporaines. Les reliefs des pièces étaient gravés en creux sur des coins de métal, puis on frappait des disques de métal vierges insérées entre les deux coins à l'aide d'un marteau. C'est ainsi que les représentations étaient imprimées sur les monnaies. Cette technique de fabrication est très rudimentaire et produit de nombreuses monnaies râtées. Lorsqu'on observe les monnaies grecques antiques on peut voir que les monnayeurs de cette époque ont fait preuve d'un très grand perfectionnisme (monnaies parfaitement centrées, relief la plupart du temps très bien imprimé).
Les monnaies grecques antiques aujourd'hui
Les plus belles monnaies grecques sont très rares, très recherchées et très chères. La plupart de ces monnaies ne se trouvent pas ailleurs que dans des Musées, tel que le Musée National Numismatique d'Athènes, le British Museum à Londres ou encore le Cabinet des Médailes dans la Bibliothèque Nationale à Paris. Cependant, des collections privées existent et le marché des monnaies grecques antiques est alimenté par les trouvailles de monnaies isolées ou de trésors qui se produisent encore auourd'hui. Les monnaies sont les seules formes de l'art grec qui sont accessibles pour les collectionneurs ordinaires d'art antique grec.