Il est d'usage de partager en deux grands groupes les produits monétaires de l'antiquité : les monnaies grecques et les monnaies romaines. Dans la série grecque on englobe ordinairement toutes les pièces qui ne sont pas de coin romain, et ce n'est pas sans quelques bonnes raisons, car grâce aux colonies que les Grecs avaient, de bonne heure, disséminées sur toutes les côtes méditerranéennes, l'influence hellénique s'est fait sentir dans le monnayage du monde entier, aussi bien, par exemple, en Gaule, en Espagne, en afrique, qu'aux bouches du Tamaïs, au pied du Caucase ou sur les rives de l'Indus. On appelle donc « grecque » toute la numismatique antique qui n'est pas proprement romaine.
Toutefois, cette division prête le flanc à de sérieuses critiques. La monnaie romaine elle-même dérive directement de la monnaie grecque, à ce point qu'il serait impossible de l'étudier sérieusement sans remonter aux Grecs : l'Histoire de la monnaie romaine de Théodore Mommsen en est la preuve éclatante. De plus, dès que Rome étend sa domination sur les pays helléniques, la monnaie est frappée dans toute la Grèce et l'Orient, au nom et sous la double autorité de l'empereur romain et de magistrats locaux. Enfin, dans la plupart des pays dont on rattache le monnayage à la numismatique grecque, on constate souvent l'influence romaine, dans l'adoption de certains types, de certaines unités pondérale ou de la langue latine. Il y a donc, comme on le voit, au point de vue numismatique, une pénétration réciproque de la Grèce et de Rome, et dans une étude d'ensemble sur les monnaies antiques, il n'y aurait pas plus de motifs d'en distraire les monnaies de Rome que celles de la Gaule, de l'Espagne, de l'Egypte ou de tout autre pays ayant eu une unité ethnique ou politique.

Pour répondre à la question posée dans le titre de cet article, on peut dire qu'il n'y a pas d'autre justification à la division entre monnaies grecques et monnaies romaines que les limites de l'esprit et la nécessité de catégoriser les monnaies pour en avoir une perception plus claire en raison de l'immensité du domaine étudié.