Les diadèmes sont un ornement très fréquent sur les monnaies grecques et sur les monnaies romaines. Nous reprenons ici un article paru dans l'encyclopédie de Daremberg et Saglio (Article de E. Saglio) dont le style est très clair, la documentation très riche et les illustrations remarquables. Cet article peut être divisé en deux parties : l'usage du diadème par la société civile en général et le port du Diadème comme un signe de souveraineté politique (nous avons rajouté les intertitres).

Exemples de portraits monétaires grecs et romains ornés de diadèmes

En plus de l'article et de ses illustrations, une liste de monnaies représentant divers types de diadèmes est rajoutée à la fin de l'article.
On peut résumer l'utilisation des diadèmes comme insigne de souveraineté dans l'antiquité gréco-romaine ainsi : dans les Etats grecs, les rois ont fait usage du diadème, qui est devenu un symbole du pouvoir royal. A Rome, par contre, le rejet du pouvoir royal a empêché l'utilisation du diadème par les empereurs jusqu'à Constantin. Au IVème siècle, les empereurs ne cachent plus le caractère absolu de leur pouvoir et le port du diadème devient la norme.

I. Définition et usage général du Diadème


Le Diadème (latin Diadema). Dans son acception la plus générale, ce mot est synonyme de TAENIA, VTTA, FASCIA, STEMMA, STROPRIUM, MITRA, et de tous les mots grecs et latins qui servent à désigner un bandeau propre à entourer la tête. Les monuments en offrent d'innombrables exemples. Les hommes aussi bien que les femmes en faisaient usage pour assujettir la chevelure dans les temps où il fut de mode de la porter longue, comme on peut en voir des exemples à l'article COMA. Le bandeau ou la bandelette était aussi un emblème de consécration dans les circonstances les plus diverses. Les prêtres et les devins en ceignaient leur front; les vainqueurs des jeux la recevaient avec le prix de la lutte; en toute occasion la bandelette est, avec le feuillage des arbres sacrés, un signe auquel on peut reconnaître ce qui a reçu un caractère religieux, personnes et animaux, autels, monuments, images, symboles, offrandes, objets de toute espèce. Pour tous les usages, profanes ou sacrés, de la bandelette nous renvoyons aux mots rappelés plus haut [CONSACRATIO et CORONA, t. I, p. 1449, 1524].

II. Le Diadème comme insigne de souveraineté chez les Grecs et les Romains


Mais nous dirons quelque chose de plus du diadème pris, au sens moderne du mot, comme un insigne de la souveraineté. Le bandeau ne fut considéré comme tel que fort tard, soit en Grèce, soit en Italie. Celui qui ceint le front des rois dans les peintures des vases et sur les autres monuments de l'art grec est pour eux comme pour les autres personnages un simple ornement, un emblème de victoire ou celui des fonctions religieuses dont ils étaient revêtus. Nulle part aucune mention n'est faite du diadème comme emblème de la dignité royale, avant le temps où Alexandre et ses successeurs l'adoptèrent à l'imitation des souverains de l'Orient. La tradition qui faisait considérer Bacchus comme en étant l'inventeur se rattache peut-être à la même origine ; elle se relie, en effet, aux fables qui avaient cours au sujet de ses triomphes en Asie. Alexandre le Grand ajouta à la coiffure nationale [CAUSIA] que portaient les rois de Macédoine, le diadème des rois de Perse, comme plusieurs historiens l'attestent formellement. Justin dit de plus que cet insigne n'avait pas été adopté par les rois qui avaient précédé Alexandre; il le fut par ses successeurs.

En même temps, imitant encore en cela le Grand Roi, dont il avait pris la place, il donna le premier en Grèce l'exemple, bientôt suivi par les autres princes, de placer l'effigie royale sur les monnaies où jusqu'alors n'avaient paru que des têtes de divinités. On peut dès lors chercher sur ces monuments l'exacte représentation du diadème. Nous plaçons ici côte à côte une monnaie de Colophon, où est figuré le Grand Roi, une autre de Persée, roi de Macédoine, une troisième enfin de Mithridate IV, roi de Pont (figures 2337, 2338, 2339).

 

Sur la première le diadème est un bandeau plat, la MITRA, qui maintient la tiare; sur les deux autres, la tête est nue et le diadème placé sur les cheveux sans intermédiaire : c'est un ruban bordé en haut et en bas d'un léger galon et frangé à ses extrémités, qui tombent derrière la tête sur la nuque. Ces représentations et toutes celles qu'on trouve en si grand nombre sur les monnaies royales s'accordent avec les passages des auteurs qui parlent du diadème comme d'une étoffe souple et légère ; il suffit de rappeler l'histoire de Lysimaque blessé au front par Alexandre, qui banda la blessure avec son propre diadème; celle de Monime essayant de se pendre en se servant du diadème que lui envoyait Mithridate, et d'autres où le même mot a une signification conforme à l'étymologie grecque et à la traduction latine qu'on trouve en plusieurs endroits, par pannus et par fascia. D'autres textes il résulte que le bandeau était blanc. C'est ce bandeau blanc qui devint le symbole partout reconnu de la royauté, et qui par ce motif était si odieux aux Romains sous la République. Le reproche d'avoir essayé de s'en parer équivalut plus d'une fois à l'accusation d'aspirer à la tyrannie, tandis que personne ne s'offensait de voir paraitre aux fêtes avec la couronne de laurier les citoyens qui l'avaient reçue comme une récompense publique : il fut même permis à Pompée, puis à César et à Auguste de porter au théâtre et aux jeux la couronne d'or des triomphateurs. Mais César affecta toujours de refuser le diadème que lui offrait Antoine, et quand un de ses partisans s'avisa un jour de poser sur sa statue une couronne de laurier liée au moyen d'un bandeau blanc (candida fascia praeligatam), les tribuns du peuple firent aussitôt enlever, non la couronne, mais le bandeau (coronae fasciam detrahi) ; celui qui l'avait offerte fut mis aux fers. Même lorsque l'empire fut fait, les princes les moins retenus dans l'abus d'un pouvoir sans limite n'osèrent pas pendant bien longtemps se parer de cet emblème de la souveraineté. Caligula en eut la pensée ; on l'en dissuada en lui disant qu'il était au-dessus des princes et des rois. Le diadème orné de pierres précieuses que ceignait Élagabale dans son palais n'était pas l'emblème royal, mais une parure de femme ajoutée aux vêtements de femme qu'il se plaisait à porter. Caracalla, qui prétendait imiter Alexandre le Grand, s'est fait représenter sur des monnaies de Tarse avec le bandeau uni, ou garni d'un double rang de perles comme celui des rois Parthes, par allusion aux faciles victoires qui lui valurent le surnom de Parthicus; mais jamais en Occident il n'adopta, ni en réalité, ni dans ses effigies, un pareil insigne. Aurélien aurait le premier fait du diadème une pièce du costume impérial, d'après l'Epitonie attribué à Aurélius Victor, qui est seul à attester ce fait; il a été révoqué en doute. On ne voit paraître en réalité cet insigne sur les monnaies qu'après que le siège de l'empire eut été établi en Orient, d'abord, par exception, sur un bronze de Dioclétien, puis définitivement sous Constantin. On rencontre aussi l'effigie des fils de cet empereur, Crispus, Constantin, Constant, de son vivant décoré du diadème; mais par la suite il semble que l'usage se soit établi de réserver aux seuls Augustes cet insigne de la dignité suprême, quoique les écrivains du bas-empire aient employé quelquefois, par flatterie ou abus de langage, le mot diadema en parlant du bandeau des Césars. Le diadème du bas-empire est rarement un bandeau uni; plus ordinairement il est bordé de perles en haut et en bas, avec une grosse pierre centrale sur le devant, ou garni de pierres précieuses qui lui donnent l'apparence d'une couronne d'orfèvrerie, et les extrémités qui tombent par derrière sont elles-mêmes faites de perles ou de pierres enfilées. Quelquefois les pierres alternent avec des feuilles de laurier et le diadème se confond ainsi avec l'ancienne couronne triomphale. Souvent aussi des pierres rondes ou carrées, richement enchâssées, s'articulent comme les parties d'un collier.

III. Exemples de représentations de Diadèmes sur les monnaies grecques

 

Rois d'Arménie. Tigranes II
Rois d'Arménie. Tigranes II "le Grand". 95-56 avant JC. AR Tetradrachme (15.39 grammes). Emission de Damas. Daté de 71/70 avant JC. A/ Buste drapé et diadémé tourné à droite, portant la tiare décorée avec une étoile et un aigle. R/ Tyche de Damas assise à gauche sur un rocher, tenant une branche. Dessous, le Dieu-rivière Orontes nageant de face. Références : SCADA dies A2/P-; CAA 13 = AC 29; Araratian Collection (CNG 46), lot 664 . Photo CNG

Royaume de Macédoine, Persée (179-168 avant JC), AR tétradrachme. 15,44grammes. A/ Tête diadémé à droite. R/ ΒΑΣΙ-ΛΕΩΣ/ ΠΕΡ-ΣΕΩΣ Aigle sur un foudre à droite. Au-dessus, [..]. A droite, [..]. Entre les pattes, Φ. Le tout dans une couronne de chêne. En dessous, une charrue. Références : Mamroth, Perseus, 18b; SNG Oxford 3277 var. Photo J. Elsen et ses fils
Royaume de Macédoine, Persée (179-168 avant JC), AR tétradrachme. 15,44grammes. A/ Tête diadémé à droite. R/ ΒΑΣΙ-ΛΕΩΣ/ ΠΕΡ-ΣΕΩΣ Aigle sur un foudre à droite. Au-dessus, [..]. A droite, [..]. Entre les pattes, Φ. Le tout dans une couronne de chêne. En dessous, une charrue. Références : Mamroth, Perseus, 18b; SNG Oxford 3277 var. Photo J. Elsen et ses fils

Sicile, Syracuse. Hieron II. 275-215 avant JC. Æ Hemilitron (16.29 grammes). Frappé vers 240/30-218 avant JC. A/ Tête diadémée tournée à gauche; derrière, foudre. R/ IERWN[OS], Hieron, tenant un lance dans la main droite, sur un cheval bondissant à droite; AP en monogramme dessous. Références : Carroccio, basileus, type 62; cf. CCO pl. XLII, 12-17; CNS 195 Ds 59 R1 8; SNG ANS 933 var. (obv. symbol); cf. SNG Lloyd 1555. Photo CNG
Sicile, Syracuse. Hieron II. 275-215 avant JC. Æ Hemilitron (16.29 grammes). Frappé vers 240/30-218 avant JC. A/ Tête diadémée tournée à gauche; derrière, foudre. R/ IERWN[OS], Hieron, tenant un lance dans la main droite, sur un cheval bondissant à droite; AP en monogramme dessous. Références : Carroccio, basileus, type 62; cf. CCO pl. XLII, 12-17; CNS 195 Ds 59 R1 8; SNG ANS 933 var. (obv. symbol); cf. SNG Lloyd 1555. Photo CNG


IV. Exemples de représentations de Diadèmes sur les monnaies romaines

 

Constantin I. 307/310-337 après JC. AV Solidus (4.44 grammes). Emission de l'atelier de Siscia. Frappé en 335 après JC. A/ CONSTANTI-NVS MAX AVG, buste diadémé et cuirassé tourné à droite R/ VICTORIA CONSTANTINI AVG, Victoire assise à droite sur un bouclier et une cuirasse, tenant dans chaque main un bouclier sur lequel est inscrit VOT/XXX sur deux lignes; SIS. Références : RIC VII 242; Alföldi 599; Depeyrot 23/1. Photo CNG
Constantin I. 307/310-337 après JC. AV Solidus (4.44 grammes). Emission de l'atelier de Siscia. Frappé en 335 après JC. A/ CONSTANTI-NVS MAX AVG, buste diadémé et cuirassé tourné à droite R/ VICTORIA CONSTANTINI AVG, Victoire assise à droite sur un bouclier et une cuirasse, tenant dans chaque main un bouclier sur lequel est inscrit VOT/XXX sur deux lignes; SIS. Références : RIC VII 242; Alföldi 599; Depeyrot 23/1. Photo CNG

Delmace César, 335-337 après JC. æ 4, frappé à Siscia en 337 après JC, 1.61 grammes, diamètre : 18 mm. A/ FL DELMATIVS NOB C Buste diadémé et cuirassé tourné à droite. R/ GLOR – IA EXERC – ITVS Deux soldats debout de face tenant une lance. Entre eux, un étendard. Références : RIC 266. C 4. Photo Numismatica Ars Classica
Delmace César, 335-337 après JC. æ 4, frappé à Siscia en 337 après JC, 1.61 grammes, diamètre : 18 mm. A/ FL DELMATIVS NOB C Buste diadémé et cuirassé tourné à droite. R/ GLOR – IA EXERC – ITVS Deux soldats debout de face tenant une lance. Entre eux, un étendard. Références : RIC 266. C 4. Photo Numismatica Ars Classica

Constance II. 337-361 après JC. AV Solidus (4.44 grammes). Emission d'Antioche, 8ème officine. Frappé en 347-355 après JC. A/ FL IVL CONSTAN-TIVS PERP AVG, buste cuirassé et diadémé tourné à droite. R/ GLORIA REI-PVBLICAE, Rome et Constantinople assises de face, tenant un bouclier portant l'inscription VOT/XX/MVLT/XXX sur quatre lignes; SMANH. Références : RIC VIII 81; Depeyrot 6/3; DO 131-4 var. Photo CNG
Constance II. 337-361 après JC. AV Solidus (4.44 grammes). Emission d'Antioche, 8ème officine. Frappé en 347-355 après JC. A/ FL IVL CONSTAN-TIVS PERP AVG, buste cuirassé et diadémé tourné à droite. R/ GLORIA REI-PVBLICAE, Rome et Constantinople assises de face, tenant un bouclier portant l'inscription VOT/XX/MVLT/XXX sur quatre lignes; SMANH. Références : RIC VIII 81; Depeyrot 6/3; DO 131-4 var. Photo CNG