C'est dans la première moitié du XIXème siècle que les études de numismatique gauloise ont véritablement commencé. Nous présentons ici les principaux travaux de numismates français qui ont contribué à l'étude des monnaies gauloises.

Exemple de monnaie gauloise : statère d'or des Arverves, Type à la lyre

1. Gaule celtique, Arvernes, statère d'or, Type à la lyre

Ces études de numismatique gauloise (mais aussi des autres branches de la numismatique) ont connu de sérieux progrès grâce à la « Revue numismatique », dont le titre initial était « Revue de la numismatique française ». Les fondateurs limitaient modestement leur cadre à la numismatique gauloise et nationale française; mais dès le deuxième tome, ils élargirent leur champ de recherches en publiant des mémoires sur les monnaies grecques et les monnaies romaines; enfin, à partir du tome 3, le recueil prit le titre général de « Revue Numismatique ».

Cette revue, qui eut une influence considérable dans la connaissance des monnaies gauloises, fut fondée par Etienne Cartier et Louis de La Saussaye en 1836. L. de La Saussaye (1801-1878) est l'un des savants qui ont le plus contribué à donner un essor aux études de numismatique gauloise. On lui doit notamment « la Numismatique de la Gaule narbonnaise », Blois, 1842, in-4°. En ce qui concerne le savant numismate Joachim Lelewel, il était un ancien professeur à l'Université de Wilna; il se réfugia en France. On lui doit surtout « Etudes numismatiques et archéologiques. Type gaulois ou celtique », Bruxelles, 1840, in-8° et atlas in-4°.

Les membres de la Revue numismatique ne tardèrent pas à avoir, sur le terrain spécial de la numismatique gauloise, toute une pléiade de disciples ou d'émules : J. Chaudruc de Crazannes, de Saintes (1782-1862), qui a publié des articles dans les « Annales encyclopédiques », de Millin (1817), les « Mémoires de la société archéologique du Midi » (1832-1833 et 1840-1841), le « Bulletin de la société des Antiquaires de l'ouest », 4° série, 1844-1846), la Revue archéologique, 1847-1856, la Revue Belge de numismatique, 1854 à 1862, la Revue Numismatique à partir de 1838. Le marquis de Lagoy (1790-1860), qui étudia spécialement les monnaies du bassin du Rhône, de Massalia et de la Narbonnaise a publié des travaux notamment dans les Revue Numismatique à partir de 1837 et surtout une « Monographie des médailles gauloises imitées des deniers conculaires », Aix, 1847, in-4° et supplément en 1856), ainsi que des « Recherches numismatiques sur l'armement et les instruments de guerre des Gaulois », Aix, 1849, in-4°.

G. Lecointre-Dupont (1809-1888) est l'auteur de l'ouvrage « Les monnaies du Poitou », dans les « Mémoires de la société des Antiquaires de l'ouest », t. VI, 1839 (voir la notice biographique sur G. Lecointre-Dupont dans la Revue Numismatique, 1889, p. 147.

Achille Deville a publié des articles dans les « Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie », t. XI et XVII et dans les Revue numismatique, 1846.

Edouard Lambert est l'auteur de l'ouvrage « La numismatique gauloise du nord-ouest de la France », Paris, 1844 et 1864, 2 volumes in-4°.

Adolphe Duchalais, rendit à la branche de la numismatique gauloise un service important grâce à sa « Description des médailles gauloises de la Bibliothèque Nationale » (Paris, 1846, in-8°). Cet auteur, employé du Cabinet des médailles est né à Beaugency en 1814 et il est mort en 1854 (cf. Revue numismatique, 1854, p. 290). On lui doit aussi plusieurs dissertations sur les monnaies gauloises dans la Revue numismatique de 1840 à 1847, ainsi que dans la Revue archéologique, en 1849. Duchalais a également écrit dans les « Mémoires de la société des antiquaires de France » sur les monnaies de la Numidie et de la Maurétanie (1849) et dans la Revue Numismatique, 1850 et 1851 sur des monnaies de la Cyrénaïque.

Citons encore les études de A Peghoux et d'Antoine Fillioux sur les monnaies des Arvernes et des Lemovices : A. Peghoux, « Les monnaies des Arverni », Clermont, 1857, in-8° et A. Fllioux, dans les « Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse », tome II, III et IV, 1861-1865.

Alexandre Hermand (1801-1858) a publié des travaux sur la Gaule Belgique : « Numismatique gallo-belge ou histoire monétaire des Atrébates, des Morins, etc » (dans la Revue belge, 1864 et 1865).

De Ludovic Lemière (1818-1887) a étudié les monnaies gauloises de la péninsule armoricaine (voir Bulletin archéologique de l'association bretonne, t. III, 1852).

Pistollet de Saint-Ferjeux a travaillé sur les monnaies des Lingons, des Leuques, des Séquanes des Eduens (voir sa « Notice sur les monnaies des Lingons, des Leukes, des Séquanais et des Eduens, dans l'Annuaire de la Société française de numismatique, tome II, 1867, pages 33-63).

J.B. Pilloy a publié sur les Véromanduens « Monnaies gauloises des Veromandui, et du Nord-Est », dans le Bulletin de la société archéologique de Soissons », tome XII, 1858. Des recherches ultérieuses plus approfondies et des recherches plus précises ont complété le travail initial de cet auteur (voir dans les Mémoires de la Société des sciences de Saint-Quentin, tome XXXIV, 1883).

Nous sommes redevables à Hennin d'un consciencieux « Manuel » de numismatique ancienne (Paris, 1830, deux volumes in-8° et Atlas).

Le nom de Charles Lenormant (né à Paris en 1802, mort à Athènes en 1859, voir la notice de J. de Witte sur Charles Lenormant, avec sa bibliographie, Bruxelles, 1887, in-12), qui fut le collègue de Raoul Rochette au Cabinet des Médailles, puis son successeur, reste attaché à une révision générale de la numismatique gauloise, à divers mémoires sur les monnaies des Arsacides, les statères de Cyzique, les monnaies de Simon Macchabée, d'Odenat et de sa famille, de Saint Hélène (Revue numismatique, de 1841 à 1858) et surtout à l'énorme compilation intitulée : « Trésor de numismatique et de glyptique ou recueil général de médailles, monnaies, pierres gravées, bas-reliefs, etc, tant anciens que modernes » (12 volumes in-folio, publiés de 1834 à 1850). Trois volumes de ce recueil quelque peu indigeste, écrit au jour le jour et sans plan bien arrêté, ont trait à la numismatique de l'antiquité : le premier a pour titre spécial : « Iconographie des empereurs romains et de leurs familles » (1843); le second « Numismatique des rois grecs » (1849); le troisième « Nouvelle galerie mythologique » (1850).

On peut citer, dans le domaine voisin de la numismatique gauloise, le travail de PA Bouchard sur les monnaies celtibériennes (« Essai sur la numismatique ibérienne », Paris, 1859, in-4°), qui dix ans plus tard, devait être dépassé par celui d'Aloïs Heiss (« Description des monnaies antiques de l'Espagne », Paris, 1870, in-folio).

F. De Saulcy (1807-1880, cf. notice biographique dans l'Annuaire de la Société française de numismatique, tome V, p. 582, et G. Schlumberger, « Eloge de M. de Saulcy », avec une bibliographie, Genève, Fick, 1881, in-8°) toucha avec enthousiasme à toutes les branches de la numismatique. Ses premières études de numismatique gauloise parurent en 1836 et 1837 (« Monnaies des Leuks ou des Leuquois », dans la Revue numismatique, 1836, pages 162-174; et « Monnaies des Lixoviens », ibid., 1837, page 6). Vingt ans après, l'auteur, après avoir déserté les séries gauloises pour celles du Moyen Age, y revint par une suite de mémoires insérés dans la « Revue numismatique » à partir de 1856. On doit à cet auteur de nombreux autres travaux dans toutes les branches de la numismatique, qui ont souvent permis de sérieuses avancées dans la voie scientifique. La magnifique collection de monnaies gauloises qu'il avait formée fut achetée par le Cabinet des Médailles en 1872 : elle comprenait 7114 pièces, dont 950 en or et 324 en argent (cf. Revue numismatique, NS, t. XIV, 1874, page 113).

Après de nombreuses dissertations de numismatique gauloise, Eugène Hucher (la plupart de ces travaux ont paru dans la Revue numismatique de 1850 à 1868, dans la Revue belge de numismatique, 3° série, tome III, 1859; dans la Revue celtique, 1873-1875; dans l'Annuaire de la Société française de numismatique, 1866 et suivantes; dans les « Mélanges de numismatique de Saulcy et Barthélémy, Hucher », 1874-1875) condensa le résultat de ses observations dans son ouvrage : « L'art gaulois ou les Gaulois d'après leurs médailles » (2 volume in-4°, 1868).

Il faut citer encore quelques travaux de numismatique gauloise publiés par Adrien Prévost de Longpérier (1816-1840, voir les « Oeuvres de A. de Longpérier », réunies et mises en ordre par G. Schlumberger, paris, 1882-1884, 7 volumes, in-8° avec biographie à la fin du tome VI).

P. Charles Robert (1812-1887, voir sa notice biographique et bibliographique dans les Revue Numismatique, 1888, page 164; dans l'Annuaire de la société française de numismatique, tome XII, 1888, p. 100 et dans la Revue archéologique, 3° série, t. XI, 1888, page 113) a surtout étudié la numismatique du nord-est de la Gaule et des pays qui formèrent plus tard le Languedoc. Il a résumé son système dans la « Description raisonnée des monnaies gauloises » qu'il avait rassemblées (Extrait de l'Annuaire de la société française de numismatique, tome V, 1877-1881, pages 239 à 318).

Anatole Chabouillet (1814-1899) succéda à Charles Lenormant en 1859 comme conservateur au Cabinet des Médailles, a écrit sur divers sujets de numismatique; en ce qui concerne la numismatique gauloise, il a écrit sur le Trésor d'Auriol (Mémoires de la Société des Antiquaires de France, tome XXIX et XX), mais aussi « L'introduction au Catalogue des monnaies gauloises de la bibliothèque nationale », par E. Muret.

Depuis 1838, M. anatole Barthémémy, par ses conseils à tous et ses publications sur la numismatique gauloise, s'est efforcé de maintenir cette branche de nos études dans la voie de la saine critique d'où certains esprits trop enthousiastes ont souvent cherché à la faire sortir (Revue numismatique, 1838 et suivantes; surtout « Numismatique de la France, par A. de Barthélémy, 1ere partie, Epoques gauloise, gallo-romaines et mérovingienne, dans les « Instructions du Comité des travaux historiques et scientifiques », 1891, in-8°). La plupart de ses travaux sont des monographies ou des analyses critiques de trouvailles, comme celles du mont Beuvray ou de Jersey. Outre les travaux parus dans la Revue numismatique depuis 1838, M. de Barthélémy en a publié dans la Revue Archéologique, depuis 1851 jusqu'à 1881; dans la Revue de la Province et de Paris, tome III, 1842 et t. V, 1843; dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, tome XXXVII, 1873; dans la Revue celtique, etc. Il convient de signaler plus spécialement la liste générale des noms relevés sur les monnaies gauloises (Revue Celtique, tome I, 1870 à tome IV, 1879), l'étude sur les libertés gauloises au commencement de la domination romaine et les caractères d'ensemble de la numismatique gauloise du nord et du nord-ouest de la Gaule (Revue des questions historiques, 1872 et Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, 1890 à 1892). M. de Barthélémy a en outre préparé l'Atlas des monnaies gauloises, achevé et publié par M Henri de La Tour.

Atlas des monnaies gauloises (1892, in-folio; voir aussi du même auteur « Monnaies gauloises recueillies dans la forêt de Compiègne, Revue numismatique, 1894) est un recueil général qui constitue un guide indispensable pour la numismatique gauloise; ce guide a son corollaire dans le Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothèque Nationale rédigé par Ernest Muret, complété et publié après sa mort par Messieurs Chabouillet et H. de La Tour (1889, in-folio).

Durant les 30 dernières années du XIXème siècle, la numismatique gauloise n'a pas cessé d'être, dans les provinces, l'objet de travaux inspirés par ceux qui ont été mentionnés ci-dessus. On trouvera ces articles dans les diverses société savantes locales, telles que celle de Bordeau, de la Drôme, du Dauphiné, etc. 

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